Je préfère qu'ils me croient mort
Chaque année, des centaines d'adolescents quittent l'Afrique pour l'Europe avec l'espoir de devenir footballeurs professionnels. Ils tombent parfois dans les mains de recruteurs véreux, qui leur font miroiter les grands clubs avant de les abandonner à leur sort.
Kounandi est l'un d'eux et s'envole un matin d'avril de Bamako pour Paris, des rêves de gloire plein la tête. Mais la réalité qui l'attend en France est toute autre…
Il faut que je participe au comité de sélection du Prix des Incorruptibles pour que je me lance dans ce genre de lecture : je ne choisis en effet que très rarement des romans de littérature jeunesse traitant de problèmes de société. Merci au prix des Incos, donc, qui me permet de découvrir un tableau fort réaliste du milieu du foot, miroir aux alouettes pour bon nombre de jeunes Africains avides de gloire et de fortune.
Premier bon point : le fait d'avoir choisi ce milieu pour aborder le thème de l'immigration. C'est beaucoup plus parlant pour les jeunes qui rêvent tous plus ou moins d'être le nouveau Zidane ou le nouveau Drogba et qui, du coup, peuvent s'identifier au héros dont ils partagent le rêve.
L'écriture est plutôt agréable et l'histoire de Kounandi d'autant plus touchante que l'on sait qu'elle est celle de centaines d'autres Africains, venus chercher fortune en France (et pas seulement dans le milieu du foot) et condamnés à passer pour morts plutôt que de rentrer aux pays.
Un livre sympathique donc, bien que fort pessimiste (il est un peu regrettable en effet que l'auteur n'insiste pas davantage sur les quelques rencontres positives que le héros fait au cours de son périple).
Je préfère qu'ils me croient mort d'Ahmed Kalouaz, chez Le Rouergue (9,50 €)