Albums de jeunesse
Pas d'article sur un livre précis ce soir… Plutôt l'envie de vous faire partager les lectures de mon enfance, tous ces livres qui ont fait de moi la lectrice que je suis aujourd'hui…
Je dois dire que c'est sans doute à ma mère que je dois cet amour compulsif, ce respect quasi religieux que j'éprouve vis-à-vis des livres… En tant que fille d'une linotypiste et d'un typographe, il est évident que je baignais dans une atmosphère propice à me faire aimer les livres. Et ma mère a veillé à ce que je lise durant mon enfance, choisissant pour moi mille titres propres à éveiller mon imagination et mon émerveillement… Je ne la remercierai jamais assez, même si elle s'en mord les doigts aujourd'hui à chaque fois qu'elle voit ma bibliothèque débordant de bouquins en tout genre...
Bien sûr, il y a eu les grands classiques, ceux que tout le monde a lus, même les enfants d'aujourd'hui. Impossible de passer à côté de Roule Galette, de Max et les Maximonstres, du Prince des mots tordus ou encore des Trois brigands !!! Ils étaient à l'honneur dans les rayonnages de la médiathèque où elle m'emmenait régulièrement.
Impossible aussi de passer à côté des 365 histoires des 2 Coqs d'or, que ma mère s'est appliquée à me lire tous les soirs pendant des années. Nul doute qu'elle en avait assez de relire toujours les mêmes récits, d'autant qu'il y avait des favoris qu'il fallait lire chaque jour en plus de l'histoire du soir ! Les mères sont d'une patience d'ange…
Il y avait aussi Ernest et Célestine de Gabrielle Vincent, série emplie de tendresse et de nostalgie, dont les dessins à l'aquarelle et les histoires toute mignonnes faisaient battre mon cœur et dont j'ai offert un tome en souvenir à ma mère, il n'y a pas si longtemps... Car elle aussi aimait les aventures de cet ours, père adoptif d'une petite souris orpheline...
Et puis, il y a eu ces livres audios que j'attendais avec impatience chaque mois et qui reprenaient les contes et les légendes les plus connus : Raiponce, Les Cygnes sauvages, les Aventures de Simbad le marin, les Habits neufs de l'empereur… Tous ces récits étaient dans Raconte-moi des histoires. Aujourd'hui encore, la ritournelle qui précédait les histoires et exaspérait ma mère me tourne dans la tête comme si je venais tout juste de l'écouter !!! Mais ce sont sans nul doute ces cassettes qui ont développé chez moi ce goût pour les contes et les légendes qui fait qu'aujourd'hui encore j'éprouve le plus grand plaisir à les faire étudier à mes sixièmes.
Peu à peu, mon choix s'est porté sur des livres qui alliaient récits merveilleux et illustrations de toute beauté. C'est à cette époque-là que j'ai découvert les œuvres de Frédéric Clément : on m'avait fait cadeau d'un de ses livres, La Petite fille soulevant un coin du ciel, et le hasard, qui fait bien les choses, m'avait offert une exposition de certains de ses originaux dans la médiathèque de ma ville : une exposition sur le thème de la métamorphose, il me semble, qui m'avait émerveillée et fait rechercher ses autres œuvres : les Contes d'Aulnoy qu'il avait illustrés, le Peintre et les cygnes sauvages, l'Enfant qui dessinait des chats… Chacun me faisait rêver, m'emportait dans un monde onirique où réalité et illusion se mêlaient… Couleurs chatoyantes, dessins en trompe-l'œil, textes emplis de poésie… Ses livres réunissaient tout ce que j'aimais et tout ce que j'aime encore dans un album.
Avec l'âge, j'ai recherché des livres plus complets et plus complexes aussi mais où les illustrations avaient toujours une importance capitale. C'est à cette époque que j'ai remarqué dans les rayonnages de ma médiathèque une collection de livre que j'ai lue et relue sans m'en lasser jamais : Les mondes enchantés aux Editions Time Life. Histoires de fantômes, de nains, d'elfes, de dragons, mythologie gréco-romaine ou scandinave, tout y était, illustré à l'aide de dessins d'Arthur Rackham, de tableaux pré-raphaélites… Un plaisir des yeux et de l'esprit ! Je me revois en train de lire ces recueils à des heures indues, un dictionnaire près de moi car le vocabulaire employé ici était bien loin du vocabulaire naïf des albums jeunesse… Quelle délectation d'apprendre de nouveaux mots, de découvrir de nouvelles légendes, de nouveaux mythes ! Quelle frustration de voir certains tomes disparaître, dérobés par quelques abonnés malhonnêtes ! Quelle joie intense de pouvoir me procurer des années plus tard tous ces livres grâce au dieu Ebay !!!
J'oublie certainement des livres, des auteurs… Mais ceux cités ici ont décidé de mes goûts littéraires actuels, de mes artistes préférés aussi : ce n'est pas pour rien que Burne-Jones, Rossetti et autres pré-raphaélites sont parmi mes peintres favoris.
Nul doute aussi que mon choix de carrière a à voir avec tous ces livres : contes, mythes et légendes de l'Antiquité… Rien d'étonnant à ce que je sois devenue professeur de lettres classique, finalement.