Les enquêtes d'Enola Holmes

Sœur cadette du célèbre détective Sherlock Holmes, Enola découvre un matin que sa mère a disparu de la propriété familiale et qu'elle est livrée à elle-même. Confrontée à l'intransigeance de ses frères qui veulent l'envoyer dans un pensionnat de jeunes filles très strict, elle décide de se déguiser et de s'enfuir à Londres, avec pour projet de retrouver sa mère. Mais c'est un tout autre mystère qu'elle résoudra, entamant ainsi une carrière de détective privée tout aussi prometteuse que celle de son aîné…

Déjà 6 tomes de parus et cette série m'emballe toujours autant ! Les enquêtes sont construites dans l'esprit de celles de Sherlock Holmes (on y retrouve d'ailleurs de nombreux personnages de Conan Doyle), mais l'on y décèle une touche féminine agréable et rafraîchissante : en effet, c'est souvent parce qu'Enola est une femme, soucieuse de petits détails typiquement féminins (le langage des fleurs, le code secret contenu dans un éventail…) qu'elle peut résoudre ses enquêtes au nez et à la barbe de son frère. 

De plus, dans chaque tome, l'accent est mis sur le statut des femmes à l'époque victorienne : corsets inconfortables et dangereux pour la santé, pensionnat sévère, rencontre avec le personnage haut en couleurs qu'était Florence Nightingale… Tous ces détails nous donnent une idée assez juste de ce que les Anglaises devaient supporter à l'époque et du combat qu'elles commençaient à mener pour s'émanciper. Face à cette misogynie étouffante, dont Sherlock est un digne représentant, Enola se rebiffe : elle fuit, se déguise et tient la dragée haute à un frère qui pense que les femmes ne sont pas douées de raison en lui montrant qu'elle est au moins aussi bonne enquêtrice que lui.

Maligne, débrouillarde et douée pour les déguisements Enola est un personnage dynamique et drôle auquel on s'attache très vite, d'autant que l'auteur nous la montre aussi fragile, sensible, désireuse de ne plus être seule (son prénom est d'ailleurs une anagramme du mot anglais "alone" : l'auteur ne cesse de rappeler ce détail) et d'être aimée (par sa mère qui l'a toujours laissée plus ou moins seule, par ses frères…) Du coup, la relation qui s'établit au fil des tomes entre Enola et ses frères, qu'elle connaît finalement fort peu, est touchante, décrite avec pudeur et délicatesse.

En bref, des enquêtes bien menées, des personnages intéressants et fouillés, une plongée dans l'Angleterre victorienne et l'univers de Sherlock Holmes… Pourquoi se refuser ce petit plaisir ?

Les Enquêtes d'Enola Holmes de Nancy Springer, Nathan (13,90 €) : Tomes 1 à 6 disponibles.

Comments

[Kira]

Je peux t'en ramener un la prochaine fois qu'on se voit ^^

[MadEye]

Tu m'en avais déjà parlé, et j'avoue que c'est tentant !
Je ne connais pas bien l'univers de Sherlock Holmes, je ne m'y suis jamais vraiment intéressée mais ce que tu dis sur la condition de la femme anglaise à l'époque victorienne me donne envie de tenter de découvrir cet univers par la "petite porte", et pourquoi pas étant charmée et conquise m'attaquer aux livres originaux.